Lycée Spirit

Notes au passage: les personnages présentés ici ne sont pas tous ma propriété, ils appartiennent à leurs auteurs respectifs. Si vous souhaitez que le nom de votre personnage ou, dans certains cas, votre pseudo, n'apparaissent pas dans l'histoire, n'hésitez pas à me le faire savoir et je modifierai ou supprimerai certains passages dans les plus brefs délais.
Si, au contraire, vous souhaitez apparaître dans l'histoire, ou faire intervenir un de vos personnages, vous pouvez aussi me demander.
Tout ce qui est écrit dans cette histoire n'a aucun rapport avec la réalité ou l'univers dans lequel évoluent réellement les personnages. Tout ce qui est écrit a pour seul but de vous faire passer un bon moment, en cas de problème, contactez moi aussi. Mais dans ce cas, j'exige quand même une condition: que vous ayez une raison valable (et non pas des "oh mais ce qui arrive, c'est trop nul, faut changer!!"; à moins que ce soit quelque chose qui arrive à votre personnage et que vous ne l'acceptiez pas).
Si vous souhaitez participer à l'écriture de cette histoire, même si ça n'est que pour un chapitre (même court), n'hésitez pas à le faire savoir.
Ce topic a été locké pour permettre aux chapitres qui se rajouteront au fur et à mesure d'être placés avec le début de l'histoire, et non pas après des messages. Si vous souhaitez commenter, c'est ici: https://spirit.forumactif.org/fictions-f26/lycee-spirit-vos-impressions-t123.htm#949

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Par un beau matin d'été, pour peu que l'on suppose qu'un jour de rentrée soit un beau jour, un garçon prenait tranquillement son petit déjeuner, sans se soucier le moins du monde de sa montre qui lui indiquait qu'il était déjà huit heures moins dix. A croire qu'il venait d'oublier que les cours débutaient à huit heures... C'est alors qu'un autre garçon descendit en trombe les escaliers, un sac sur le dos et ses cheveux blancs bien tenus en place par au moins un demi pot de gel.
-Bon sang Chrys, qu'est-ce que tu fiches?!
Celui qui prenait tranquillement son petit déjeuner releva la tête de son bol de céréales et regarda son frère jumeau, à l'entente de son nom.
-Huuum?
-Mais grouille toi bon sang! t'as pas vu l'heure?!
Le brun regarda sa montre, sans grand enthousiasme. Mais son expression changea du tout au tout quand il prit conscience de ce qu'indiquait le cadran.
-Nom d'un chien..., lâcha-t-il.
-Et c'est tout l'effet que ça te fait?!
Le garçon n'attendit même pas la réponse de son mollasson de frère et partit enfiler ses chaussures. Chrys ne put s'empêcher de penser que Willys était peut-être un peu trop énervé dès le matin...

-Tiens tiens... En voilà qui ne sont pas pressés, dites moi...
La personne qui venait de parler eut un petit rire mauvais, qui fut répété par un pigeon perché sur son épaule. Les deux garçons eurent soudainement des sueurs froides...
"Oh non, pas ça... Pas le Maître à ce moment...", pensèrent-ils.
-Ca va pas se passer comme ça... GARDE A VOUS!, hurla la personne. Alors comme ça on tente de sécher les cours avant même de les avoir commencé, hein...?
-C'est... C'est pas ce que vous croyez Maître Nono, bredouilla Willys. C'est de sa faute à lui là! Cet imbécile de frangin!
Nono regarda Chrys, ce dernier n'arrivant pas à voir les yeux de son Maître, dissimulés sous des lunettes de soleil aux reflets rouges.
-Tiens donc... Alors, que ce soit clair... Grouillez-vous et sortez immédiatement de ma maison, avant que le dernier bus ne parte sans vous, patates! Sinon je dis à Pitchii de vous picorer le crâne jusqu'à ce que mort s'en suive!
Il ne fut pas nécessaire au Maître de le répéter une seconde fois, Pitchii ricanant sadiquement sur son épaule. Les deux garçons fonçaient déjà dehors, vers l'arrêt de bus. Nono regarda son pigeon et lui caressa la tête en souriant.
-T'as vu Pitchii, les vacances commencent enfin pour nous deux!


Finalement, les deux frères réussirent à attraper le dernier bus in extremis. Evidemment, il n'y avait personne à cette heure là, preuve qu'ils étaient bel et bien en retard... Cependant, une chose retint l'attention de Willys: le chauffeur.
-Oh purée... Ca alors... Un truc pareil comme chauffeur..., lança-t-il doucement, étonné.
Le conducteur se retourna et dévisagea méchamment le garçon. Il avait tout entendu, ce qui n'était pas étonnant car c'était un énorme lapin avec une casquette sur la tête et qu'il avait donc de bonnes oreilles.
-Ca te dérange que ce soit moi qui conduise, petit? Hein? T'es raciste c'est ça? T'as que'qu'chose contre les lapins géants, c'est ça? J'te préviens direct mon gars, les gens qui z'aiment pas les lapins et qu'y'on que'qu'chose contre le fait qu'j'sois chauffeur de bus, j'les aime pas et j'les jette dehors, c'est clair?
Willys resta quelques secondes sans rien dire, se demandant depuis quand on laissait ces créatures conduire. C'aurait été un Logortonebrosso ou quelque chose de plus sérieux, ça passait encore, mais alors ça... Le garçon s'énervait à cause de la réponse de l'animal et s'apprêtait à lancer une méchante pique lorsque son frère arriva, le poussa légèrement et répondit au chauffeur à sa place.
-Très clair monsieur, désolé pour lui, monsieur, il ne le fera plus.
Le lapin sembla à peu près calmé et se décida à remettre en route le bus et à rouler. Pendant ce temps, Chrys essayait de faire asseoir Willys sans se faire étrangler au passage.
-Monsieur, si ça n'est pas indiscret, ça fait combien de temps que vous travaillez en tant que chauffeur?
-Environs vingt-cinq minutes, p'tit gars. J'bosse pour gagner des sous, pour qu'mon fils Pinpin soit fier de moi et continue d'travailler à l'école.
Le garçon aux cheveux blancs se mit à pâlir d'un coup et Chrys songea qu'il aurait mieux fait de ne pas poser de question.
-Crever, on va tous crever..., bredouilla Willys, qui ne faisait pas du tout confiance aux capacités du lapin.
-Vous seriez pas en retard, des fois, les p'tits gars?
-A vrai dire... Si..., répondit Chrys.
-J'me disais aussi... Mais z'inquiétez pas, j'connais pas mal d'raccourcis et puis, si j'accélère un chouilla, personne remarquera.
Aussitôt dit, aussitôt fait, le lapin appuya sur l'accélérateur et fonça carrément dans le décor, zigzaguant entre tous les obstacles, tandis que Willys menaçait de sauter par la fenêtre si cela continuait.

Quand le bus s'arrêta, soit un peu moins de cinq minutes plus tard, les deux frères bondirent hors du véhicule sans perdre un instant, et ce, pour deux raisons: parce qu'ils étaient en retard, et parce que le lapin pourrait avoir l'idée de reprendre la route.
-Chrys, je crois que j'vais être malade...
-Alors on sera deux...
-Il nous reste combien de temps pour être à l'heure...?
Le brun regarda sa montre.
-Une minute et vingt-trois secondes, exactement...
-Tu crois qu'on a le temps de s'évanouir quelques secondes là...?
-Ca, j'en doute fortement mes petits amis!, tonna une voix grave.
Les deux garçons levèrent la tête et remarquèrent enfin un énorme lézard bipède portant une cravate et à l'air sévère.
"Oh mince... Le directeur... Ca commence mal...", pensèrent les deux jumeaux, osant à peine se regarder.
-Dépêchez-vous de rentrer, c'est pas parce que vous êtes juste devant la porte que je peux pas compter ça comme un retard!
-Oui... Tout de suite monsieur Darknut!
A tous les coups, le lézard, qui était en fait un Logortonebrosso, ne rigolait pas... C'est d'ailleurs pour cette raison que Chrys et Willys foncèrent directement à l'intérieur du lycée, en titubant légèrement. Ils se rendaient maintenant compte que ce lapin fou les avait vraiment amené devant l'établissement...


-Oh! Mais qui voilà! Mon vieil ami! C'est pas vrai! toi ici? Quel bon vent t'amène?
De son côté, monsieur Darknut avait remarqué le bus qui n'était pas à l'endroit où il devait être, et, plus particulièrement, son chauffeur. Ce dernier bondit hors du véhicule et arriva à toute allure vers le lézard pour lui serrer la patte.
-Eh voui, c'bien moi. Jsuis chauffeur d'bus maintenant, et fier d'l'être. Toujours aussi classe à c'que j'vois, vieille branche!
-Que veux-tu... C'est ça être directeur... Enfin, content de te voir. Ca faisait combien de temps?
-Ben, 'début des vacances quoi... Quand j'suis v'nu inscrire mon fils dans ton établissement quoi.
-J'ai l'impression que ça fait déjà une éternité!
-Ouais, j'te dis pas comme le temps passe lent'ment des fois!
-Un de ces jours, tu passeras bien prendre le thé chez moi?
-Pas d'problème. Enfin, sur-ce, j'te laisse, j'dois reprendre le boulot, faut bien gagner des sous hein.
Le lapin salua son vieil ami et reprit la route. A ce moment là, Darknut redevint le sérieux directeur qu'il était d'habitude et remarqua que Chrys et Willys étaient toujours là et avaient vu toute la scène, ce qui les avait profondément choqués: oui, le directeur avait des amis et il leur proposait de prendre le thé. En bref, il avait une vie et n'était pas seulement un donneur d'heure de colle... Juste incroyable. Le lézard géant en était d'ailleurs gêné.
-Qu'est-ce que vous faites encore là vous deux...?, demanda-t-il d'un ton presque menaçant qui trahissait légèrement sa gêne.
-Euh... On doit aller en quelle salle...?
Darknut regarda le brun qui venait de poser la question.
-C'est marqué sur la fiche, au fond de la cour, siffla-t-il. Comme d'habitude...
-Gloups... Merci monsieur.
Le Logortonebrosso regarda ses élèves partir en courant.
-Bonjour la rentrée, j'ai dans l'idée que ça va pas être facile cette année...

Chrys et Willys s'étaient précipités à vive allure à l'endroit indiqué par le directeur, toujours un peu choqués d'avoir découvert qu'il savait être sympathique. Et en effet, ils trouvèrent des feuilles blanches scotchées sur les piliers, comme toujours. Enfin, presque, car d'habitude, elles étaient placées plus près de l'entrée... Maintenant, deux problèmes se posaient: trouver la ou les feuilles qui indiquaient la classe et la salle où se trouvaient les deux garçons puis réussir à trouver la salle rapidement dans l'établissement. Surtout que tous les élèves et leurs professeurs avaient déjà quitté la cour un peu en avance, pour commencer à parler rapidement des nouveautés...
-Chrys, on est mal là je crois. T'aurais pas pu te bouger, plutôt que prendre tranquillement ton petit déj' à huit heures moins dix?!
-... J'te signale qu'on est partis une minute plus tard, ça change rien... Et ça nous aide pas trop dans l'immédiat...
Willys ravala un grognement et entreprit de chercher plus activement son nom dans une des innombrable listes, son frère faisant de même de son côté.
-Ici! Southmoon Chrys et Southmoon Willys! Première G, en salle C203!
Le brun regarda les noms indiqués par l'autre.
-Ok, on y va!
-Oui, vite, on est déjà en retard et c'est que le premier jour! Et c'est ta faute en plus!
Chrys ne releva pas, décidant d'ignorer complètement tout ce que son abruti de frère rajouterai à ce sujet. Les deux garçons s'apprêtaient à partir en courant dans leur salle quand ils tournèrent la tête; se regardèrent et demandèrent en même temps:
-Euh... C'est où la salle C203?

-Vous allez dans le bâtiment à votre droite, vous montez au deuxième étage et vous trouverez sans problème, normalement.
Les frères se retournèrent et apperçurent une jeune femme qui tenait un carton dans la main et qui leur souriait.
-Merci beaucoup mademoiselle, répondit Chrys, qui partit en courant dans la direction indiquée, son frère sur les talons.
-De rien...
La jeune femme avait répondu poliment, malgré le fait que les garçons étaient déjà partis. Elle était presque déçue qu'on ne l'ait pas entendue. Mais bon, elle pouvait comprendre que les retardataires soient pressés.

Les deux frères arrivèrent rapidement devant la salle C203, qui était bien à l'endroit indiqué. Restait maintenant à toquer à la porte... Chrys jeta un coup d'oeil à sa montre qui indiquait huit heures et cinq minutes. Ca ne se faisait pas d'arriver aussi en retard...
-C'est toi qui tape à la porte!, déclarèrent en même temps les jumeaux.
Ils se défièrent du regard quelques secondes puis, d'un même mouvement, toquèrent à la porte et attendirent une réponse.
-Entrez.
Oh, cette voix... Les deux frères se regardèrent avec un air de chien battu, ils connaissaient sûrement trop bien cette voix qui leur avait annoncé de manière si joyeuse environs huit heures de colle l'année précédente... et pas forcément pour grand chose... Quoi qu'il en soit, il fallait désormais prendre son courage à deux mains et entrer dans la salle de classe. A peine la porte s'était-elle ouverte que les adolescents voyaient leur pire crainte confirmée: Mme Shawn était leur professeur principal. Et en prime, elle n'avait pas l'air d'avoir changé d'un pouce, avec ses cheveux hérissés comme les piquants d'un hérisson et ses vêtements noirs. Cette prof' était un peu sadique sur les bords. Enfin, un peu... Ca dépendait de pas mal de choses: si on aimait la guitare, le dessin et les trucs plus ou moins légaux, on avait des chances de s'entendre avec elle. Dans le cas contraire, cela relevait du miracle...
-Tiens donc... Messieurs Southmoon... Comme c'est étonnant...
Le ton du professeur était complètement ironique et les deux étudiants ne purent s'empêcher de frémir.
-Disons que ça passe pour cette fois... De toute façon, si je vous vire maintenant, je me retrouverai avec vos carnets, vos emplois du temps et autres paperasses sur les bras, et j'ai déjà pas bien envie de vous voir, alors si en plus je dois m'occuper de vos affaires...
Shawn eut un petit rire mauvais.
-Asseyez-vous immédiatement, lâcha-t-elle soudain d'un ton sec.
Rapidement, les deux frères cherchèrent du regard une place vide, si possible près de quelqu'un qu'ils connaissaient.

-Donc, on va parler d'un de ces trucs que l'administration trouve important, la grippe aviaire...
-C'est pas la grippe A madame?
La prof fusilla la jeune fille qui venait de parler du regard. Elle devait être nouvelle dans le lycée, pour oser contredire Shawn, même si cette dernière avait tort.
-Votre nom mademoiselle...?
-... Ticka... Melulu Ticka...
-Eh bien, sachez mademoiselle que j'en ai rien à cirer de cette grippe. Vous savez quelle est la différence peut-être?
-Euh... Je crois que la grippe aviaire, c'est mortel et ce sont les pigeons qui la transmettent et la grippe A, c'est moins dangereux et au départ c'était une grippe porcine...?
-Hum... Vu comme ça, il serait plus intéressant que vous attrapiez tous la grippe aviaire... Hum... J'en parlerai à quelques amis tiens...
Quelques élèves, sans doutes des fan de Shawn, se mirent à ricaner dans un coin de la classe, tandis que les autres préférèrent ne rien ajouter.
-Bref, tout ce que vous avez à savoir, c'est que vous risquer de chopper un virus, d'être cloués au lit et de faire fermer le lycée. Donc en gros, faites un effort, attrapez tous la grippe, ça me fera des vacances. Ah, et au passage, ça réduira peut-être les effectifs donc si vous pouviez faire un gros effort finalement, merci...

Le reste du "cours" avec madame Shawn se déroula sans accroc.
-Monsieur Darknut, je sens qu'elle promet cette rentrée...
-Vous trouvez aussi, mademoiselle Shawn...?
-Et comment... Puis la tête des nouveaux... Je les aime déjà pas. Sauf deux là, ils ont l'air sympa, ils ont de bons goûts vestimentaires en tout cas.
-Nous avons deux gothiques en classe de seconde, c'est ça?
-On va dire ça. Par contre, les premières, je sais pas ce que je vais en faire... Déjà, deux élèves en retard... Tssk, ça commence bien, c'est moi qui vous le dis... Aucun respect...
Le lézard géant était assis à son bureau, de petites lunettes sur le museau, en train de trier des documents tout en écoutant les remarques des professeurs qui passaient pour lui parler de tout et de rien. C'était une sorte de coutume locale: les professeurs faisaient leurs commentaires sur leurs élèves, les élèves faisaient des commentaires sur leurs professeurs et, dans les deux cas, le directeur essayait de se tenir au courant.

Et dire que tout cela ne faisait que commencer...

Une fois libérés de la salle C203, tous les élèves se rendirent dans la cour, heureux de pouvoir enfin rester tranquilles, sans craindre quelques heures de colle plus ou moins bien placées de la part de leur professeur principal. Cette dernière avait d'ailleurs affirmé son côté psychopathe quand elle avait parlé de disséquer des poulpes pendant l'année. Au moins une bonne centaine de ces mollusques, à tuer et ouvrir de différentes manières et à analyser sous le regard sadique de la prof'. Car oui, madame Shawn est professeur de SVT* (*Science et vie de la Terre, autrement dit, biologie).
"J'ai choisi de devenir prof de SVT juste pour ça", avait-elle avoué ouvertement, sous le regard des élèves plus ou moins dégoutés. L'année promettait d'être dure...

Oui, elle promettait d'être dure, ça, Chrys et Willys n'avaient aucun doute là dessus, tandis qu'ils se retrouvaient à nettoyer le tableau sans qu'il ne reste une seule trace et à astiquer absolument toutes les tables et les chaises alors qu'elles étaient encore propre en ce début d'année. C'était en gros leur punition pour être arrivés en retard, parce que leur professeur avait tout simplement la flemme de marquer une heure de colle et trouvait trop gentil le fait de laisser passer le retard sans rien dire.
-Je trouve que madame Shawn a des airs de ressemblances avec le Maître, des fois...
-C'est marrant, j'en étais arrivé à la même conclusion...
-Pitié, que ces deux là ne se rencontrent jamais et ne s'échangent pas de mauvaises idées!, se plaignirent ensemble les deux frères.

Une fois leur tâche accomplie, en moins de cinq minutes, ce qu'il valait d'ailleurs mieux garder secret, les garçons se glissèrent discrètement dans les couloirs, espérant ne pas tomber sur leur professeur de SVT.
-Il nous reste combien de temps de pause?
Chrys regarda sa montre avant de répondre à son frère.
-A peine plus de deux minutes...
-Et zut...
Finalement, les adolescents descendirent tranquillement, un peu démoralisés par ce début de reprise de cours.
-La poisse est avec nous, déclara Willys.
-... Ca pourrait pas être pire... En effet...
A peine Chrys avait-il fini sa phrase qu'il entendit des bruits de pas qui se rapprochaient. Craignant toujours de voir arriver Shawn, le garçon fit un pas de côté, trébucha et tomba sur son frère qui le rattrapa in extremis. Juste à ce moment, une fille dont les vêtements étaient noirs et à carreaux, sûrement d'une classe de seconde, arriva et vit Willys avec son frère dans les bras.
-Ya... Yaoi..., lança-t-elle, les yeux brillants.
Et c'est à ce moment que les jumeaux comprirent qu'il pouvait toujours y avoir quelque chose de pire... La réaction de l'adolescente les avait tellement surpris que Willys avait lâché son frère et que celui-ci s'était écrasé par terre. Cette fille croyait vraiment qu'elle avait sous les yeux un vrai couple? Et ça lui plaisait, en plus? Il ne devait rien avoir de plus gênant au monde...
-... Non, non non... Non! Pas du tout! C'est mon frère! c'est..., bredouilla Willys.
-Inceeeeeeste?
Les deux garçons cherchèrent d'où venait la voix et aperçurent une seconde adolescente au look gothique, qui venait juste d'arriver et dont le regard trahissait un intérêt certain. Chrys se releva, attrapa son frère encore choqué par le bras -ce qui arracha un "kyaaaaa" enthousiaste aux deux filles- et le tira à toute allure le plus loin possible. Finalement, il pouvait toujours y avoir quelque chose de plus gênant...

-Ooooh... Ce lycée est très intéressant, pas vrai Volta...?
-Owi, ça commence bien Road. Très très bien même...
Les deux filles se regardèrent un instant, un grand sourire peint sur le visage, puis ricanèrent un instant. Il fallait absolument qu'elles aillent parler de ça à toutes les personnes qu'elles connaissaient, histoire de dégoter au passage quelques informations... Croustillantes, disons...

Finalement, Chrys et Willys avaient réussi à fuir celles qu'ils appelleraient volontiers "les deux folles", s'ils n'avaient pas peur de quelques représailles, en se cachant dans les toilettes. Le gros avantage des toilettes, en début d'année, c'est que les nouveaux arrivants au lycée mettaient toujours un temps fou pour les trouver, ce qui en faisait donc une cachette idéale en cet instant. Seul petit problème, ils avaient à peine eu le temps d'arriver et de se cacher que la sonnerie avait retenti. S'ils ne se dépêchaient pas, les deux frères seraient de nouveaux en retard. Mais s'ils sortaient maintenant, ils risquaient de croiser les deux filles qui n'hésiteraient sans doute pas à crier sur tous les toits ce qu'elles pensaient...
-La nouvelle génération est terrifiante..., lâcha Willys.
-Très... On a quel cours là...?
Le garçon aux cheveux blancs sortit son emploi du temps et regarda.
-Histoire géo, en salle A104... Ca, on connait au moins.
-Quel prof'?
-Monsieur Roseaux.
-Ca va, il est sympa... Il devrait tolérer un petit retard...
-Je parierai pas trop là dessus, on ferait mieux de se grouiller là.
Les frères sortirent de leur cachette et partirent en courant, direction la salle A104. Ils furent presque soulagés d'être un peu coincés dans la foule d'élèves: si jamais ils arrivaient trop en retard, ils pourraient prétexter qu'ils s'étaient retrouvés coincés au milieu de classes de secondes qui s'étaient perdues. Finalement, ils arrivèrent plus rapidement qu'ils ne l'avaient prévu et la porte de leur salle de classe n'était pas encore fermée.
-Excusez nous monsieur, nous étions coincés dans... Des bouchons humains, disons...
-Ca va pour cette fois, allez vite vous asseoir.
Les garçons poussèrent un petit soupir de soulagement. Ils ne pouvaient pas avouer qu'ils fuyaient en fait des nouvelles élèves, qu'ils n'avaient par chance pas croisées dans le couloir en venant. Monsieur Roseaux commença son cours. L'histoire le passionnait, surtout les guerres, les grandes batailles. Le monde contemporain était aussi intéressant à sa manière mais bon, rien ne valait les grandes histoires de combats selon ce professeur. D'ailleurs, ce dernier se concentrait énormément dans ses cours et sortait souvent des anecdotes en relation avec les grandes batailles et c'était sûrement pour cela qu'il plaisait à bon nombre d'élèves.
Chrys trouva une place près de Melulu, la fille qui s'était faite remarquer le matin en répondant à madame Shawn et Willys s'installa à côté d'un dénommé Aven, qu'il avait déjà vu plusieurs fois auparavant mais qu'il ne connaissait pas du tout. L'adolescent aux cheveux blancs examina son voisin un instant. Il lui avait toujours semblé assez... Original, disons.
-Un problème...? demanda Aven, sur un ton peut-être un peu trop neutre.
-Ben non, pourquoi?
Le garçon ne répondit pas et se concentra sur sa feuille de notes, ce qui manqua de vexer Willys, qui s'énervait souvent pour un rien.

A la fin du cours d'histoire, qui avait duré deux heures, les deux frères descendirent tranquillement dans la cour, ayant complètement oublié l'histoire avec les deux filles plus tôt. Mais pas pour bien longtemps... Quand un nombre impressionnant de personnes commença à fixer les deux garçons, en ricanant ou en chuchotant à voix basse, ils pensèrent soudain qu'ils avaient loupé un épisode... Quelque chose retint l'attention des deux frères: une adolescente, vêtue en noir et carreaux, qui sautillait partout, en questionnant tout le monde et en leur montrant quelque chose sur son portable. Chrys regarda son frère un instant et Willys fonça, attrapa le portable et eut des sueurs froides en voyant ce que la fille montrait à tout le monde: une photo du moment où il avait rattrapé le brun... Bref, l'objet d'un quiproquo qui risquait de prendre une proportion monumentale...
"Je pense que je vais suggérer au directeur d'interdire les portables et appareils photo au lycée...", pensa Willys.

Chrys s'approcha de son frère et ouvrit de grands yeux ronds en voyant à son tour la photo sur le portable. Il manqua de s'étouffer sur le coup.
-Mais il faut voir le bon côté des choses... On est plutôt photogéniques...
Le brun regarda celui aux cheveux blancs d'un air signifiant très clairement "t'as rien d'autre à ajouter, crétin?".

-Mais-euuuh!!!
Volta, à qui Willys avait pris le portable, essayait de récupérer son bien. L'adolescent leva son bras le plus haut possible, pour laisser l'objet hors de portée de la jeune fille qui sautillait maintenant sur place pour le récupérer.
-Willys, tu sais comment on efface les photos avec ce machin?
-Encore heureux, je me tiens informé et je sais utiliser un portable, contrairement à certains...
Chrys foudroya son frère du regard, tandis que la gothique continuait à bondir en gémissant.
-Nyuuuh! Vous avez pas le droit! Puis, je m'en fiche! La photo, on pourra me la renvoyer! Nyahaha!
Les jumeaux se regardèrent puis fixèrent Volta, avant de jeter un coup d'oeil aux curieux dans la cour. Combien possédaient cette image sur leur appareil...? Willys jeta le portable sur la gothique avant de partir en traînant son frère par le bras. Il s'avouait vaincu sur ce coup là.

Les deux garçons arrivèrent devant la cantine, ou plus exactement au bout de la file pour y entrer. Mieux valait manger et se changer les idées que tenter de dissiper en vain un malentendu qui risquait fortement d'empirer. La grande particularité du self de ce lycée, c'était qu'il y avait deux files différentes: une pour ceux qui mangeaient essentiellement de la viande ou qui étaient omnivore, et une autre pour les végétariens, ce qui concernait plus les animaux. Les jumeaux mirent environ vingt-cinq minutes avant de pouvoir enfin accéder aux plats et s'assoir.

-Choueeeeette... Du hachis parmentier... Ô grande joie en ce magnifique début d'année... Et, avec notre chance aujourd'hui, ça m'étonnerait pas que ce hachis soit encore vivant...
Chrys ne répondit rien devant le ton totalement ironique de Willys et se contenta de fixer son assiette, l'air un peu ailleurs. Son frère en fut presque vexé.
-Eh oh? Tu peux pas au moins faire semblant d'écouter? On dirait une fillette qui rêve de son prince charmant, là! Enfin, t'es tout aussi ridicule que ça...
Le brun n'ouvrit même pas la bouche et baissa la tête un peu plus vers son hachis.

-Je peux me mettre là...?
Willys tourna la tête vers la personne qui venait de parler, tandis que Chrys, qui avait directement reconnu la voix, semblait s'enfoncer un peu plus vers son assiette après avoir réprimé un léger sursaut.
-Euh... Bah ouais, si tu veux, répondit celui aux cheveux blancs.
-Merci.
Melulu, car c'était elle, s'assit à côté du brun, un peu gênée parce qu'elle avait l'impression de déranger.
-Ca vous dérange vraiment pas que je me mette ici hein?
-N... Non, non... Du tout...
C'était Chrys qui avait répondu, et il détournait le regard. Son frère le fixa un instant, avant de se lever brusquement.
-Mais c'est pas vrai qu'il nous joue VRAIMENT le coup de la princesse amoureuse ce crétin..., grinça-t-il entre ses dents.
En se levant, le garçon avait appuyé par accident sur sa fourchette restée dans l'assiette, ce qui avait propulsé la nourriture accrochée par dessus bord. La viande atterrit sur le pelage d'un grand lapin, qui était en train de manger tranquillement ses petits pois. L'animal se redressa lentement et se tourna vers l'autre étudiant, le regard indiquant clairement qu'il attendait des excuses. Mais Willys ne sembla même pas remarquer, ayant d'autres chats à fouetter. Le léporidé (et non pas rongeur) posa une patte sur l'épaule du garçon qui tourna la tête.
-Quoi encore?!, lâcha-t-il.
-Excuse-toi.
-Pardon...?
-Excuse-toi, répéta le lapin en désignant la partie tachée de sa fourrure.
-... J'vois pas pourquoi, rétorqua Willys qui ne réalisait pas que c'était lui qui avait envoyé par mégarde le hachis.
L'animal ne répondit rien, retourna s'assoir tranquillement puis, un instant plus tard, il expédia des petits pois sur la table du garçon à l'aide d'une cuiller. Tout ceci discrètement bien sûr, et sans même daigner se retourner vers sa cible. Melulu, Chrys et son frère eurent un mouvement de recul en subissant la pluie de pois. Le garçon aux cheveux blancs tourna directement la tête vers le lapin et lui jeta un regard noir, qui lui fut d'ailleurs rendu. Il mourrait d'envie de prendre son assiette et de la jeter sur le museau de l'animal, mais son frère qui le regardait fixement lui faisait clairement comprendre qu'il n'avait pas intérêt à faire ça.

L'étudiant se leva, attrapa son plateau, renversa un peu d'eau sur le lapin en passant puis partit rapidement, énervé par tout ce qui venait d'arriver en si peu de temps.

Après avoir jeté dehors ses crétins de disciples, Maître Nono s'assit un instant sur son canapé, devant sa chère et tendre télévision, et entreprit de regarder un bon film policier. Pitchii, qui jusqu'à présent était toujours perché sur l'épaule de Nono, s'allonga à côté du Maître, un peu comme une personne s'apprêtant à regarder un match de foot, les doigts de pattes en éventail. Le pigeon frappa dans ses ailes, comme on aurait tapé dans nos mains, et un oiseau sortit de la cuisine en amenant un petit sachet contenant des pop corn.
-Pitchii, tu peux pas demander à ton esclave de m'en amener aussi? Avec les deux gamins au lycée, j'ai personne à commander sur le moment...
En guise de réponse, l'oiseau lança un roucoulement rauque et planqua son sachet de pop corn sous son aile.
-Sympa l'ami..., gromella Maître Nono.
Il tenta de piquer discrètement la nourriture du pigeon mais ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille.
-Roh! Puis zut! Ok! Je me lève! Mais je te préviens, c'est la dernière fois!
Nono se leva et se dirigea vers la cuisine en boitillant et en maudissant l'animal.

Quant il revint, avec un saladier rempli de pop corn et une grande bouteille de jus d'orange, Maître Nono fut choqué par le spectacle qui s'offrait désormais à lui: Pitchii avait pris possession de la télécommande et avait osé mettre un match de foot, plutôt que laisser le film policier.
-PITCHIIIIIIIII!
Le pigeon ricana. Nono, trop énervé, alla directement éteindre la télé, qui fut immédiatement rallumée par l'oiseau qui tenait la zapette sacrée...
-Ah oui? Tu veux jouer à ça?
Le Maître éteignit à nouveau la télé, qui fut encore rallumée, avant d'être éteinte une nouvelle fois... Ce petit jeu dura au moins cinq bonnes minutes. Finalement, Nono débrancha l'appareil, en étant sûr cette fois que le pigeon ne pourrait pas le rallumer.
-Et c'est encore moi qui gagne!

Pitchii regarda Maître Nono avant de soupirer. Au final, personne n'avait gagné, aucun des deux ne pouvait regarder son programme.

Nono décida de dessiner pour passer le temps, là, au moins, le pigeon ne dirait rien. Il sortit ses crayons et, pendant environ deux heures, dessina. Le dessin aurait pu paraître sinistre au vu du thème: un cimetière, des fantômes, des citrouilles, un vampire et une sorcière. Pourtant, le style de Maître Nono rendait tout cela sympathique, voire même mignon.

-C'est l'heure de mangeeer!, s'exclama d'un seul coup Nono, si vivement que Pitchii glissa de son épaule et se ramassa lourdement sur la table.
-Chryy... Ah non, il est pas là... Va falloir reprendre les vieilles habitudes... Raah... Cuisiner plutôt que faire cuisiner les autres... C'est dur la vie...
Le Maître se leva, se dirigea dans sa cuisine, enfila un tablier avec des petites vaches et sortit quelques récipients et aliments.
-Va y'avoir du sport...